Charles Fourier (1772-1837) et le “Phalanstère”.

Philosophe et économiste socialiste français, Charles Fourier est né le 7 avril 1772 à Besançon dans une famille de commerçants aisés. Après des études classiques, il est placé comme apprenti chez un négociant à Lyon. Ruiné par la Révolution Française, il exerce par contrainte, quasiment toute sa vie, le métier de commerçant.
Parallèlement, il publie dès 1803 une série d’articles littéraires très critiques à l’égard de l’industrialisation naissante et du paupérisme engendré par un système social et économique qu’il juge chaotique, inefficace et inhumain. Pour Fourier, les lois de l’organisation du travail, mais aussi la morale et les valeurs sociales, sont hypocrites et inadaptées à la mesure humaine. En 1808, il expose son projet de société coopérative dans un premier ouvrage intitulé “Théorie des quatre mouvements et des destinées sociales”. En 1812, il publie “Le traité de l’association domestique-agricole”; en 1829, “Le nouveau monde industriel et sociétaire” et en 1835 “La fausse industrie”, pour n’en citer que quelques-uns. Il décrit dans ses ouvrages ce que doit devenir la société parfaite, harmonieuse et pleinement communautaire. Le parangon de la cité idéale de Fourier est le Phalanstère, immense édifice structurant les relations sociales où chaque individu peut satisfaire ses goûts et ses passions, fondements de l’activité humaine.

Selon Charles Fourier, l’ère industrielle doit donner naissance à un monde communautaire où régneront le bien-être et la prospérité. Pour cela, les hommes doivent inventer une société capable d’utiliser son potentiel productif. Il condamne le capitalisme et le libéralisme économique débridé du XIXème siècle car, selon lui, cette nouvelle frénésie de la concurrence n’apporte que chaos et désordre social. C’est là un triste constat car l’homme est fait, selon Fourier, pour le bonheur, l’association et l’harmonie. De plus, les règles sociales conventionnelles freinent les passions humaines par des législations hypocrites et inutiles, qui entravent la pleine satisfaction du désir et empêchent les hommes de vivre fraternellement. Critiquant la société, tant du point de vue économique que social, Fourier cherche à concevoir une loi universelle qui permette grâce à “l’attraction passionnelle” l’entente mutuelle et la concorde sociale. C’est en fondant sur les passions le régime de l’association libre ou sociétaire, que l’on inaugurera une ère radieuse pour l’humanité.

La société idéales doit être divisée en phalanges de coopération, où les passions des individus aboutissent à l’harmonie individuelle et collective. Cette félicité universelle doit s’épanouir dans plusieurs phalanstères, vastes bâtiments communaux situés en zone agricole, habités chacun par 1620 personnes (810 hommes et 810 femmes). Les travailleurs sont regroupés selon leur passion dominante; mais en même temps les groupes sont opposés les uns aux autres pour maintenir une certaine émulation? Les principes de base du phalanstère sont l’association pour la production, la consommation ainsi que l’éducation des enfants. Tous les citoyens sont copropriétaires et participent ainsi pleinement à la vie économique de la collectivité. Les phalanstériens ont droit à un minimum vital et ne sont pas obligés de travailler. Le salariat n’existe plus mais est remplacé par une participation aux bénéfices et une cogestion de chaque phalanstère. La propriété privée peut subsister, mais un brassage de riches et de pauvres doit, à terme, faire disparaître les hiérarchies sociales. L’agriculture est l’activité principale, le travail industriel est secondaire, il occupe la vie de la cité uniquement les mauvais jours. Le mariage au sens traditionnel est remplacé par un système complexe qui réglemente le comportement social des phalanstériens par affinités de goûts.

Vers la fin de sa vie, Charles Fourier s’établit à Paris et cherche jusqu’à sa mort en 1837 une personne susceptible de financer son projet. S’il réussit à réunir un groupe adhérant idéologiquement à son dessein, toutes ses tentatives pour réaliser un phalanstères resteront vaines, faute de deniers.

"Le Phalanstère" par Charles Fourier
   
 
2011