La République de Platon

Le projet platonicien de réformer la cité pour plus de justice rend nécessaire d’en inventer une autre plus légitime et parfaite. La cité idéale que propose Platon dans La République est en fait une description utopique d’un état parfait et absolu dont il cherche l’inspiration à travers l’organisation sociale de l’Athènes ancienne. Nostalgie d’une cité vertueuse et idéale qui, 9000 ans auparavant, combat avec succès les Atlantes, peuple de l’île mythique de l’Atlantide engloutie sous les eaux, née du caprice d’un dieu tumultueux- Poséidon- et vaincue par la démesure et l’iniquité de ses gouvernants. Il s’agit pour Platon de retrouver l’organisation civique et militaire de l’Athènes ancienne, dont les structures issues, selon lui, d’une pureté initiale du cosmos, avaient permis de créer une communauté harmonieuse, puissante et homogène, capable de résister au pouvoir divin et tyrannique. De fait, la condition initiale pour réaliser la cité athénienne idéale et rénovée est qu’elle soit fondée par la volonté des hommes et non par l’arbitraire des dieux. Elle ne doit cependant pas être livrée aux orateurs, aux hommes de pouvoir plus soucieux de leur influence que de l’intégrité de la cité, il faut au contraire que les philosophes deviennent rois, autrement dit que pouvoir et philosophie coïncident. Ce sont alors les “philosophes-rois” éclairés, en possession du vrai savoir et d’une sagesse authentique, qui doivent servir de guides aux citoyens, prisonniers des apparences, des illusions et des opinions. Les dirigeants qui ont pour charge de garantir l’harmonie de la Polis doivent mener les “meilleurs citoyens”, les plus doués naturellement, à la lumière de la connaissance et du savoir, ainsi qu’à l’idée du bien.
S’inspirant toujours de l’Athènes ancienne, Platon insiste sur la nécessaire séparation des groupes sociaux qui y résident. Dès lors, il convient, par un système d’éducation étroitement codifié, de sélectionner les individus pour leur attribuer des statuts sociaux en fonction de leurs qualités et les répartir dans trois classes différentes : les artisans qui ont la charge des problèmes économiques, les guerriers qui sont responsables de la défense de la cité et les classes supérieures dotées de la sagesse qui les rend légitimes à gouverner.
Ainsi, chacun doit croire, pour le plus grand bien de la cité et de sa cohésion, que la place qu’il occupe dans la hiérarchie sociale, excellente ou médiocre, est le fruit de sa nature même.

La République de Platon est une société juste mais fondamentalement inégalitaire et hiérarchisées selon des principes strictes et arbitraires. A travers cette vision utopique, Platon ne crée pas une oeuvre originale, mais cherche avant tout à établir le règne de la justice par la cohésion et l’harmonie de la coté qui nécessite l’abolition des discordes, des conflits et des séditions, source de changement et donc, selon lui, de décadence.

"La république" de Platon
   
 
2011